Après Le Malade Imaginaire, Le Jeu de l’amour et du hasard, La Pitié dangereuse et On ne badine pas avec l’amour, le Théâtre de la Croix-Rousse revient avec l’adaptation au théâtre du célèbre roman d’Emile Zola, Thérèse Raquin. Autre registre avec cette violente histoire de passion qui s’expose dès le début de la représentation et met en scène des personnages qui n’ont pas d’autre recours que de bâtir leur propre drame. Mais on retrouve dans Thérèse Raquin des traces évidentes de On ne badine pas avec l’amour et de La Pitié dangereuse. Philippe Faure aime faire jouer sur un plateau les pulsions violentes qui nous animent. Comme chez Shakespeare, mais ici c’est dans le domaine de l’intime et non celui de la vie politique que se développe le drame.
Thérèse tient avec sa tante, Madame Raquin, une petite mercerie au fond d’une impasse sordide. Elle s’est mariée sans amour à Camille, Je fils de sa tante, maladif, immature et capricieux. Sous des dehors mélancoliques et timorés, Thérèse cache une nature incandescente, violente et sulfureuse. Nature passionnée qui sera mise à nu et exacerbée par Laurent un des amis d’enfance de Camille. Thérèse Raquin n’est pas un roman comme les autres. Puisqu’il fait s’affronter deux esthétiques contradictoires: il y a dans Thérèse Raquin quelque chose de l’ordre de l’hallucinatoire. Presque du grotesque. En tout cas, de la monstruosité. On pense, évidemment, à Goya. (…) Mais il y a une autre esthétique dans ce roman: c’est la place fondamentale du silence, du non-dit, du secret des corps. Comme si chaque corps possédait son secret. D’un côté donc, le spectacle de la mer déchaînée, et de l’autre, le silence de la peau. Evidemment, cette contradiction est extraordinairement théâtrale, et c’est ce qui m’a passionné. D’un côté la démesure, de l’autre la paix des sens. Entre, une tragédie à nulle autre pareille.
Philippe Faure
Thérèse Raquin
Distribution
Théâtre de la Croix-Rousse Texte : Emile Zola Adaptation et mise en scène : Philippe Faure Avec : Claire Cathy, Anne Comte, J-Claude Martin, Gilles Olen, Marc Voisin |