L’univers de Molière est familier au metteur en scène et comédien Philippe Faure. Avant d’avoir écrit Le Poumon imaginaire puis monté Le Bourgeois gentilhomme, il parlait déjà de sa passion pour la dernière œuvre de l’écrivain. Sa fascination pour cette pièce était étrange. Sans raison véritable, faite d’une confiance enfantine.
Comme si, à la suite de Molière qui en Argon avait trouvé l’ultime déraison, lui-même pouvait trouver là tout le plaisir du jeu et une définitive délivrance.
Argon, le malade imaginaire, veut contraindre sa fille d’épouser un médecin. li veut également déshériter ses enfants de leur héritage légitime au profit de Béline, sa seconde épouse, intrigante et mercantile. Une pièce entre la mort et le rire…
Le Malade Imaginaire est la dernière pièce de Molière. C’est son dernier rôle. Il a craché son sang en le jouant. Il est mort quelques heures plus tard. C’est à ce moment-là, un vrai malade qui joue Le Malade.
Nous sommes donc à l’instant précis où la réalité et l’imaginaire se confondent. La réalité, c’est la roulotte des comédiens d’où surgissent les personnages du drame ou de la comédie. L’imaginaire, c’est cet immense drap jeté sur le sol qui, d’une certaine manière, efface tous les repères. Nous sommes alors dans le grand vertige d’Argan. À la limite du grand évanouissement. Alors, entre la réalité de la maladie et son imaginaire, Argon n’est plus qu’un petit enfant qui s’affole dans le drap blanc tiré par sa maman et qui rêve de s’endormir blotti au coeur d’un gros oreiller. Enfin, la paix. li y a quelque chose de Lear dans cette lande improbable. li est seul au monde. Les autres dansent autour de lui.
Philippe Faure
Le Malade imaginaire
Distribution
Théâtre de la Croix-Rousse Texte : Molière Mise en scène : Philippe Faure Avec : Michel Baumann, Philippe Faure, Muriel Gaudin, Yves Gourvil, Olivier Hémon, Fabrice Lebert, Guilaine Londez, Florence Muller, Gilles Olen, Emmanuel Robin... et beaucoup de Louison(s) Assistant de mise en scène : Emmanuel Robin |