Mec ! : un hommage juste et brillant à ce grand bonhomme, le poète et chansonnier Allain Leprest, disparu trop tôt en 2011, sans la gloire et la reconnaissance médiatique pourtant méritées. Voilà ce que propose ce duo étonnant composé de l’immense acteur Philippe Torreton et du trublion du jazz Edward Perraud, dans un récital bouleversant. Héritier de Brel, Ferré ou Ferrat, Leprest a distillé sa gouaille, son verbe incandescent dans des chansons à l’univers sombre, à l’image de cet écorché vif qui évoque l’enfance, l’amour, la misère, le quotidien ordinaire de ceux qui survivent dans un monde qui ne leur laisse que peu de place. Comme si tous s’étaient donné rendez-vous au coin du zinc pour y livrer des tranches de vie, à la manière d’une complainte. Tour à tour murmurés et déclamés avec force, les mots torturés et percutants du poète sont incarnés par un Philippe Torreton magistral d’interprétation, aussi sincère qu’est la poésie de son ami Leprest. La partition inventive d’Edward Perraud vient, quant à elle, occuper l’espace de contorsions musicales d’une précision sidérante et sublimer la force poétique des mots foudroyants de l’auteur. On en frissonne déjà.
