L’admiration de l’écrivain Russe Mickaël Boulgakov pour Molière était immense. Après la rédaction de sa biographie, Le roman de Monsieur Molière, il s’est autorisé à passer de l’autre côté du miroir et s’est invité à entrer dans la fiction moliéresque. Boulgakov emprunte le canevas du Bourgeois Gentilhomme pour élaborer une œuvre bien à lui. Les répliques sont saillantes, les scènes comiques, le rythme trépidant et l’action soutenue. Boulgakov prend le contre-pied de Molière et décide de prendre au sérieux Monsieur Jourdain, ce bourgeois qui s’entête à devenir noble, se couvrant de ridicule aux yeux de son entourage. Dans sa pièce, il le décrit comme un homme qui possède des biens et qui se rend compte combien il est passé à côté d’une autre vie, celle de l’esprit.
L’intrigue se situe en 1670, au Théâtre du Palais Royal. Alors que les comédiens s’apprêtent à quitter les lieux après une répétition, ils apprennent qu’ils doivent préparer, séance tenante, une nouvelle pièce qui sera jouée le lendemain devant le roi. Commence alors une folle nuit de travail durant laquelle on verra Jourdain apprendre les belles manière et tenter d’élever son esprit par l’exercice du chant, de la danse et de la poésie. Le ridicule du personnage perdure mais la nouvelle dimension qui lui est donnée par Boulgakov confère à l’œuvre une densité tragique.
Boulgakov a d’une certaine manière recolorisé la pièce de Molière pour lui rendre sa valeur d’origine. Le public redécouvre complètement l’œuvre et cette nouvelle lecture donne un sacré coup de jeune à l’un de nos plus grands classiques.
Grégoire lngold – Metteur en scène
