Le Pleure Misère : sur un coin de comptoir de pub, Bonaparte O’Coonassa se raconte, il confie son infortune au taulier, entre deux gorgées de whisky. Nous voilà plongés dans l’Irlande rurale, aussi pluvieuse que pauvre après la grande famine de la fin du 19ème siècle. Une naissance inattendue, une enfance parmi les animaux de la ferme avec « le vieux bonhomme gris », le grand-père vif et rusé, le premier (et dernier) jour d’école, puis une jeunesse et un mariage à l’image du reste : misérables. Des pommes de terre, encore et toujours…, c’est ce qui résume la vie de Bonaparte. Mais nulle condescendance dans ce portrait, ce serait mal connaître la verve truculente de l’auteur Flann O’Brien qui dépeint ses compatriotes avec un humour caustique, sans caricature mais avec une ironie qui frise le surréalisme. Clara Simpson rend ainsi hommage à l’un de ses auteurs fétiches en livrant une mise en scène toute en simplicité et sincérité : un comptoir, une bouteille, un barman-musicien qui ponctue les fins de chapitres d’un petit air traditionnel et un comédien fabuleux qui manie avec dextérité la langue malicieuse et irrévérente de l’auteur. L’humour reste peut-être le meilleur compagnon de l’homme quand celui-ci n’a plus rien…
