Entre images projetées et vidéos en direct, jeu et performance des comédiens, les marionnettes nous embarquent pour un voyage au pays du blizzard, des loups et des ours. Cette adaptation du roman d’Arto Paasilinna, Le Meunier Hurlant, raconte, avec un humour rageur, grinçant et un brin désespéré, comment une communauté parvient, par peur ou par bêtise, à générer ses propres monstres. Pour le metteur en scène Martial Anton, il est « plus que jamais opportun de faire entendre le droit à la singularité, au refus de l’uniformisation qui guette nos sociétés ».
Le Meunier Hurlant : hiver 1945 dans un petit village au nord de la Finlande. Un nouvel arrivant, Gunnar, personnage extravagant, parfois joyeux, souvent désespéré et solitaire, décide de remettre en état le vieux moulin. L’accueil des villageois est aussi glacial que le temps. Il devient rapidement la victime de sa différence dans une société où le conformisme vaut pour mot d’ordre. Il est rejeté de tous côtés et seule une poignée d’habitants se lie d’amitié avec lui. Sous une fausse candeur, ce récit questionne la place de l’individu, l’enfermement visible ou invisible dans lequel la majorité silencieuse et bien pensante tente à tout prix de maintenir le protagoniste. Confiner quelqu’un dans le rôle qu’on lui a attribué une fois pour toute, classer, mettre l’autre dans une catégorie facilement repérable, l’exclusion ou la normalisation : tels sont les thèmes sous jacents de cette histoire.