Et si en fait Le Jeu de l’amour et du hasard ne parlait pas de la première mais de la dernière expérience amoureuse…
Loin des sentiers battus du marivaudage, Michel Raskine nous en propose une nouvelle lecture en la faisant interpréter par des acteurs en pleine maturité. Creusant l’écart des âges entre les comédiens et leurs rôles, il nous donne à voir des masques ciselés par le temps et les épreuves. Les acteurs pétris par la vie, l’amour, la scène, nous laissent entendre l’humain sous le masque. Revu sans être corrigé, ce texte de Marivaux se révèle alors, peut-être différent…
Destinés l’un à l’autre par leurs pères, Dorante et Silvia refusent de se marier sans se connaître. Pour examiner son prétendant en toute liberté, Silvia se fait passer pour sa suivante, Lisette. Mais, Dorante a eu la même idée et a troqué son habit contre celui de son valet. Travestis, les maîtres et les valets, inversent leurs rôles et jouent à être, pour un temps, de l’autre côté de la barrière afin de mieux s’observer et déjouer, pensent-ils, les pièges de l’apparence.
« Entendre -(ré)entendre ? – ce qui se dit, voilà l’idée, explique le metteur en scène. Pas ou peu de « décor », mais plutôt des fragments de dix-huitième siècle, comme par effraction. Par exemple, canapés d’époque par-ci, par-là pour se poser ou se cacher, frondaisons sur toiles peintes, chandeliers, bougies et nappes damassées… Pas de basques élégantes ou de robes virevoltantes, mais des vêtements d’aujourd’hui et des corps égarés dans un espace vide et quasi nu. La rugosité du temps qui passe se chargera, pour ces vieux amants, de donner à ces danses d’amour la douce tristesse de la dernière passion. »
Le Jeu de l’amour et du hasard
Distribution
Théâtre du Point du Jour Texte : Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux Mise en scène : Michel Raskine Avec : Stéphane Bernard, Christine Brotons, Jean•Louis, Delorme, Christian Drillaud, Marief Guittier, Guy Naigeon, Michel Raskine |