On comprend tout de suite de quoi il s’agit. De la vie dans les campagnes du Périgord au début du siècle avec ses souffrances, ses joies, ses malheurs et ses espérances.
La campagne est là, oui, souveraine, maitresse de la vie : de l’amour forcé entre une bergère et un paysan naîtra un enfant (un bâtard comme on disait à l’époque) et cet enfant, c’est Adrien. La mère meurt au moment de l’accouchement. L’enfant grandit. Adulte il travaille aux chemins de fer. Il tombe en amour comme diraient nos amis Québécois et ça tourne mal. À la fin de l’histoire, il est seul dans la campagne… et tout recommence.
Et pendant tout le temps du film : la langue du Périgord, l’occitan, qui chante à nos oreilles et vient se revendiquer sans tambour ni trompette comme langue, comme culture, comme révolte, les travaux à la ferme (longuement observés) ou sur les voies, les rapports de classe à la ville et à la campagne. les conversations à bâtons rompus, le soleil qui frappe la nature vivante et cruelle, les sous-bois ou il fait bon marcher ou se reposer, l’élément liquide annonciateur de changements (et de catastrophes). un vieux chêne esseulé dans un champ ornent et charpentent un film-miroir d’une culture assassinée.
Bref, toute une culture populaire, tout un territoire revit pendant 90 minutes dans un film qui ne se complait ni dans le naturalisme exotique et folklorique ni dans un régionalisme revanchard signe la plu part du temps d’une frustration de la mère Pans. Le film nous épargne ces régionalismes éhontés et s’inscrit plutôt dans un cinéma où on prend plaisir à raconter des vraies histoires fausses et de fausses histoires vraies. à les apprendre et, à son tour, à les clamer à ceux qui désirent les entendre.
Gérard COURANT / Cinéma 81.
HISTOIRE D’ADRIEN
Distribution
De Jean-Pierre DENIS (France 1980) • Durée 1h35 |