Dan Jemmett revient. Il poursuit son exploration du théâtre anglais élisabéthain. Si vous avez vu Shake (Prix du Syndicat National de la Culture à sa création, assurément la plus belle distinction que peut recevoir une pièce de théâtre) et Dog Face, vous savez déjà tout de son art inimitable d’adaptateur, metteur en scène et directeur d’acteurs. Si vous avez raté les épisodes précédents, l’occasion est bonne pour découvrir une manière unique de faire un théâtre d’aujourd’hui avec des textes vieux de plusieurs siècles.
Dan Jemmett se réapproprie la pièce Women beware woman de Thomas Middleton. Ecrivain contemporain de Shakespeare, son texte est une fable grinçante. Il y est question de l’enlèvement et de la séquestration d’une belle, d’amours contrariées, d’une tante manipulatrice, d’un simple d’esprit, de débauches et de vices divers, le tout s’achevant, comme il se doit, dans un bain de sang. À partir de cette intrigue riche en rebondissements, le metteur en scène a inventé un spectacle iconoclaste et plein d’humour.
Si l’écriture est classique, la thématique est résolument moderne, de toute éternité pourrait-on dire tant elle parle de l’homme et de ses sentiments… contradictoires. Les actes les plus nobles côtoient les actions les plus vulgaires, les vices se conjuguent aux qualités. Un mélange délicieusement diabolique, le plus souvent drôle. Sur le plateau, on découvre une voiture, une baignoire, un rideau rouge, des excentriques…
Mais sous l’aspect grand-guignolesque et brutal de l’écriture de Middleton, on découvre quelque chose de plus sérieux, de plus douloureux, de plus profondément humain. Quelque chose qui efface le rire et favorise la réflexion, voire l’introspection.
Femmes gare aux femmes
Distribution
Texte : Thomas Middleton Mise en scène : Dan Jemmett Avec : Andrew Aguecheek, Pierre Banderet, Vincent Berger, Thierry Bosc Sonia Cardeilhac, Mathieu Delmonté, Julie-Anne Roth, Josiane Stoléru Traduction et adaptation : Marie-Paule Ramo Assistante à la mise en scène : Céline Gaudier |