FAIRE DANSER LES ALLIGATORS SUR LA FLÛTE DE PAN : Ce titre alambiqué est une formule de Louis-Ferdinand Céline, dont la correspondance est ici, et pour la première fois, mise en lumière. On y découvre Céline dans son pavillon de Meudon, parmi ses brouillons qu’il accroche sur des fils au moyen de pinces à linge. Il est dans son atelier où s’est fabriquée cette langue qui lui est si caractéristique et sur laquelle Ivan Morane, le metteur en scène et Emile Brami, ont souhaité mettre l’accent. C’est l’écrivain qui est ici mis en avant, même si découle nécessairement de son écriture ses aspects les plus détestables : son antisémitisme, sa misanthropie, son côté acariâtre. Il déteste ses contemporains : Gide, Sartre, Genet sont mis au piquet. Il vocifère contre la grossièreté des riches. Il éructe sur la vulgarité de l’époque. Il affiche son soutien aux nazis et sa haine des Juifs… Mais il a aussi révolutionné la langue française et ses écrits sont d’une profondeur, d’une lucidité et d’une lumineuse noirceur inégalables.
Denis Lavant, avec ses tics, son visage buriné, sa démarche cahotante, incarne cet écrivain autant détesté qu’admiré. Il ne joue pas Céline, il est Céline. Il grimace, rumine, vitupère. On imagine tout à fait Céline ainsi, alors que, paranoïaque, il se sent persécuté par ses pairs, poursuivi d’une hargne inépuisable. Le reclus de Meudon. On partage ses dernières heures et, jusqu’au bout, son indépendance d’esprit et son insolente liberté de langage.
FAIRE DANSER LES ALLIGATORS SUR LA FLÛTE DE PAN
Distribution
Cie Ivan Morane D'après la correspondance de Louis-Ferdinand Céline © Editions Gallimard pour les textes d’origine de Louis-Ferdinand Céline Adaptation : Emile Brami Mise en scène : Ivan Morane Interprétation : Denis Lavant Décors et costumes : Emilie Jouve Lumière : Nicolas Simonin Production Théâtre de l’Oeuvre et les Déchargeurs Le pôle diffusion avec Réalités |