C’est « Chantons avant l’Occupation », avec l’intelligence de l’esprit et du coeur. Ce serait presque un film de fiction. Au début en tout cas. Avec les thèmes habituels de la comédie musicale d’avant-guerre : une jeune provinciale débarquant à Paris pour devenir une artiste. Elle découvre la grand-ville, qui l’affole, la méchanceté des gens dans le métro, etc. Au départ donc, raconter une histoire, faire un film de fiction avec de la pellicule déjà impressionnée ! Une gageure. Plongée donc de Philippe Collin dans le cinéma français d’avant-guerre. Mais le cinéma français du samedi soir, le cinéma commercial. Persuadé qu’il est que la fiction est plus révélatrice que le documentaire. C’est ce à quoi les gens rient ou pleurent qui exprime et explique une époque. Le cinéma français, dit-on, irréalisait l’Histoire. Précisément peut-être parce que la France elle-même l’irréalisait. Et de fait, CINE FOLLIES est un portrait exemplaire du Français d’avant-guerre, de la France d’avant-guerre, de ses mythes, de ses préoccupations. Film sur le spectacle, sur la France s’exprimant par le spectacle, CINE FOLLIES ne comporte pas une ligne de commentaire, pas un rajout musical. Montage d’une étonnante fluidité où l’on redécouvre un cinéma d’acteurs, d’acteurs grandioses. Cinéma dont le côté rouspéteur, gueulard, toniquement vulgaire, et sentimental avec gouaille, donne à comprendre le climat d’insécurité et d’euphorie, d’insouciance et de corruption dans lequel il a été fabriqué. H. B.
CINE FOLLIES
Distribution
Film français de Philippe COLLIN (1976) Avec Raimu, Arletty, Jules Berry, Maurice Chevalier, Mistinguett, Carette, Armand Bernard, Joséphine Baker… |