Nature morte avec œuf

En octobre dernier, nous accueillions La Maison de Bernardo Alba mise en scène par Novicov. Pour beaucoup, ce fut un choc, un coup de cœur, et nous avons regretté de ne pouvoir présenter que quatre représentations de ce spectacle qui jouait pour une petite jauge de 120 personnes. Depuis, le spectacle a tourné à Paris, au Théâtre de la Cité Internationale, puis six semaines au Théâtre de Vidy-Lausanne ; la 100ème représentation est et largement dépassée. Ce qui n’est pas courant, c’est de proposer une « forme théâtrale » à la fois surprenante, ludique et en même temps en adéquation avec le texte ou plutôt une lecture très personnelle, mais fidèle à l’esprit et à la construction dramaturgique de Lorca.

De ce constat partagé, est née l’envie de proposer à Andrea Novicov un texte, Nature morte avec œuf, et la coproduction du spectacle qui en naîtra, à l’initiative des quatre partenaires des Colporteurs : le Théâtre de l’Arsenic à Lausanne, Le Poche à Genève, Château Rouge à Annemasse et la Maison des Arts Thonon-Evian.

Création 2006, ce spectacle est pour l’instant une interrogation, une idée de, une ébauche de rencontre entre les mots de Camille Rebetez et les images théâtrales de Novicov. Car si le début de l’histoire est facilement identifiable – un homme, Evariste, demande à une vieille rebouteuse de lui rendre sa vigueur de jeune homme – les t cartes sont vite brouillées à la faveur d’un univers fellinien, improbable et baroque.

Il y a dans la langue de Camille Rebetez quelque chose qui me touche en tant qu’homme, mais aussi qui séduit le metteur en scène que je suis. J’aime travailler le plateau comme une matière vivante, charnelle.
Nature morte avec œuf est écrite ainsi : dans une langue savoureuse et concrète, je dirais presque gastronomique. A la fois sale et appétissante. Une parole qui rebute mais qu’on a envie de goûter.
Andrea Novicov

(…) J’aime préparer par les mots et par une dramaturgie soutenue un champ d’investigation pour les artisans de la scène.(…) Je n’ai aucune image préconçue du spectacle lorsque j’écris, ce qui me fait économiser la question de la faisabilité. Mon écriture -ce qui se vérifie dans la lecture que fait Andrea Novicov de Nature morte avec œuf -condamne presque le metteur en scène à inventer des solutions. (…) J’aime que mon écriture, sans que ce soit une fin en soi, pose problème et pousse à la création. Novicov semble aimer se jouer des codes scéniques. Je crois que je suis bien tombé.
Camille Rebetez