Parfois, il est inutile d’aller trop loin pour trouver des perles. Celle-la nous l’avons rencontrée l’an passé dans le petit Théâtre de la Grenade à Genève. Un castelet étrange avec ses « rues » parallèles et dedans la mécanique d’acteurs-marionnettes en chair et en os. Tout Lorca est là, mais Andrea Novicov et les comédiens dépoussièrent l’œuvre La Maison de Bernarda Alba, loin de toute approche naturaliste, ils composent un spectacle magnifique, drôle et tragique.
Bernarda Alba, c’est l’orgueil poussé à son comble et dévoré par la soif féroce et inhumaine de la domination. C’est une mère despotique qui empêche ses filles de devenir adultes. C’est un personnage dramatique dans la lignée des héroïnes stoïques de la tragédje antique. Pour donner une plus grande dimension à l’enfermement dans lequel elle condamne ses quatre filles à vivre après la mort de leur père, le metteur en scène suisse Andrea Novicov a imaginé des marionnettes humaines évoluant dans un castelet minuscule.
Et Andrea Novicov d’expliquer : Le texte La Maison de Bernarda Alba de Lorca traite de la frustration et de l’enfermement. Il nous montre, dans un univers de réalisme fantastique, des personnages étriqués, comme atrophiés par la peur et les conventions sociales. La voie qui nous a semblé la plus juste pour donner un corps à ces jeunes fillesbourgeons qui ne fleuriront jamais, a été d’en faire des êtres moitié humainsmoitié marionnettes, des êtres qui pourraient se déployer si une convention absurde ne les maintenait dans un état de perpétuel inachèvement. Un dispositif scénique centré sur ces comédiensmarionnettes donne lieu à quantité d’effets d’échelle et de distance. Il instaure un trouble permanent dans le rapport des êtres aux choses et aux lieux.
La Maison de Bernarda Alba
Distribution
Compagnie Angledange Texte : Federico Garcia-Lorca Mise en scène : Andrea Novicov Collaboration artistique : Sandra Amodiao Avec : Valéria Bertolotto, Valérie liengme, Marie-Madeleine Pasquier, Léa Pohlhammer, AnneCatherine Savoy, Bartek Sozanski, Matteo Zimmermann |