La grâce sans pareille et la beauté aérienne de Shantala Shivalingappa avaient enchanté le public de l’Espace Maurice Novarina lors de son spectacle Shiva Ganga, dédié au kuchipudi, une danse traditionnelle indienne, dont elle maîtrise parfaitement la gestuelle et l’identité. Mais Shantala Shivalingappa est aussi une virtuose de la danse contemporaine. Elle a travaillé avec les plus grands, dont Maurice Béjart, Carolyn Carlson, Peter Brook, Bartabas et Pina Bausch. Pina Bausch avec qui elle a appris à penser et à sentir le mouvement autrement.
Sa rencontre avec la gestuelle d’Ushio Amagatsu, directeur de la Compagnie Sankaï Juku, tissée d’épure et d’abstraction, accentue la volupté de ses gestes et la lumière dont elle irradie.
Formée à la danse classique indienne, ma première expérience d’une autre manière de danser a été le travail avec Pina Bausch. Elle a été l’une des rencontres les plus fortes de mon parcours, autant sur le plan humain qu’artistique. Avec son immense talent, sa délicatesse, sa générosité, elle m’a ouvert la porte d’un nouvel univers gestuel. Avec elle et ses danseurs, j’ai appris la spontanéité, la liberté et la rigueur, la fluidité, le mouvement qui s’écoulent du corps mais aussi du cœur.
Il existe un contraste apparent entre l’univers d’Ushio Amagatsu, sobre et lent à l’extrême et celui de la danse indienne, rythmique, ornementée et narrative. Ces deux pratiques sont pourtant liées dans leur finalité : lumière dégagée et intensité de l’émotion. (…) Le travail de ces artistes eut sur moi un effet magnétique et raviva mon désir d’explorer le mouvement et l’émotion qui s’en dégageait. J’ai vraiment été séduite par l’idée de travailler avec ces chorégraphes à partir de ma gestuelle et de ma technique de danse classique indienne, en croyant à l’universalité de la danse, du mouvement et de l’émotion qu’ils suscitent, sans la nécessité d’un langage commun.
Shantala Shivalingappa
