Pièce peu connue d’Harold Pinter, Une petite douleur est une œuvre de jeunesse parfaitement maîtrisée dans sa construction et son évolution. De la comédie, elle bascule vers le drame, jusqu’à la folie inquiétante. Marie-Louise Bischofberger rêvait de la mettre en scène depuis longtemps. Le déclic qui lui permet aujourd’hui de passer à l’acte est la rencontre avec des comédiens capables, à ses yeux, de servir ces fines horlogeries de l’intime.
Le jardin de Flora et d’Edouard est un univers aux apparences idylliques. Pourtant, la paix n’y est en fait qu’illusion. Il a suffi d’une simple guêpe attirée par un pot de confiture pour que l’équilibre de leur vie se fissure jusqu’à exploser… Et ce marchand d’allumettes installé depuis des semaines devant chez eux, que veut-il ? Impossible de le savoir, puisqu’il ne répond jamais. A tour de rôle, Edouard et Flora l’affrontent. Lui reste cantonné dans un mutisme qui prend vite des allures de menace, tant il fait surgir en chacun des personnages ses angoisses, désirs et obsessions jusqu’alors retenus.
» Cette pièce de Pinter joue entre le réel et le métaphorique. Le passé n’y est qu’un souvenir imprécis qui prend le pas et le pouvoir sur le présent et qui peut le faire basculer. (…) L’élément le plus marquant de la scénographie sera la vue sur le jardin, filmée par Caroline Champetier. Bien qu’il s’agisse d’un paysage réel, il devient également un paysage imaginaire. Les acteurs apparaîtront dans le jardin et sur la scène comme s’ils étaient passés d’une réalité à l’autre. «
Marie-Louise Bischofberger