Le ventriloque dans son propre rôle. Il sort de sa boîte à rire et déchausse ses perruques, une à une, en égrenant les étapes de sa carrière. Des cabarets aux casinos, il a roulé sa bosse, croisé autant de magiciens égocentriques que de danseuses topless, autant de standing ovations que d’échecs déprimants. Il nous raconte la vie de bohème qui court après la gloire, flanqué de ses personnages fétiches, reparcourant ainsi les spectacles de son passé. Il nous présente aussi son ultime alter ego : Métastase, petite trublionne qui fouille dans ses poches et dévore tout ce qu’elle trouve.
Ventriloque est une réflexion sur l’intime, la solitude, le « sans voix ». Et pourtant il y a du monde, dedans, dehors, autour. Une vraie cacophonie. Petit à petit, les langues se délient, les personnages s’interpellent, les non-dits émergent. Aussi utile et dérisoire qu’un clown, aussi fascinant et rejeté, aussi drôle jusqu’à l’effroi, le ventriloque d’aujourd’hui mélange les émotions et les publics. Bousculer les a prioris, montrer que le ventriloque explore un langage et produit du sens : Philippe Bossard relève, avec humour et sensibilité, le défi de libérer la ventriloquie du carcan du music-hall et édifier un pont entre cette technique aussi « exotique » que dépréciée et le théâtre contemporain.
« La ventriloquie a des histoires à raconter qui naissent du ventre de l’Homme.I» Philippe Bossard