Une légère blessure : un dîner se prépare. Elle reçoit sa famille. Une jeune femme l’aide à préparer le repas. Mais celle-ci ne parle pas le français et ne le comprend pas très bien. Alors la femme peut se confier à elle, lui avouer ses secrets, ses peurs. Rongée par la solitude, elle se raconte, dit ses rapports complexes aux hommes, ses rêves, ses angoisses, ses dégoûts. Une histoire morcelée, un puzzle à reconstituer, quelques souvenirs agitant des blessures insignifiantes et terribles. Une suite d’histoires, de questions, de réponses ; ce n’est pas un déroulé, mais plutôt, au contraire, le plongeon vers le cœur de la fournaise, l’endroit secret qui brûle l’âme de cette femme.
Avec Une légère blessure, Laurent Mauvignier a imaginé ce texte dense, percutant, incisif pour l’actrice Johanna Nizard qui nous happe véritablement par sa présence aussi chorégraphique que théâtrale, par sa voix profonde et rocailleuse, suffisamment ironique pour tenir à distance la violence la plus aiguë et pour, dans le même mouvement, lui rendre son épaisseur tragique, sa puissance, sa noirceur. L’histoire d’un récit qu’une femme se fait finalement à elle-même, au risque, en se racontant, de se rencontrer.