« Shake », pour « secousse », mais aussi pour Shake-speare… Et quand Dan Jemmett aborde le génie élisabéthain, on peut s’attendre à du remue-ménage. Assurément ! C’est La Nuit des Rois qu’il a choisi de cuisiner à sa sauce piquante et extravagante. Une histoire de travestissement, de quiproquos amoureux comme on les retrouve chez Marivaux. Dan Jemmett se régale avec ce synopsis abracadabrantesque et traite une partie de l’intrigue sur le mode burlesque populaire, récupérant ce qui reste de sérieux dans les échanges pour le tourner en pathétique, pastiche plutôt que parodie du propos originel. Les cinq comédiens foncent bille en tête, prennent en main les dix-sept personnages de la pièce. Des cabines de plage situent ce royaume en bord de mer, et l’on entend aussi bien Bach que Lou Reed sur le tourne-disques du Fou… Les anachronismes sont pensés avec finesse, le texte passé à la moulinette d’un humour so British. C’est d’une drôlerie irrésistible ! Le théâtre selon Dan Jemmett : intuitif, joueur plutôt que poseur. Le sous-titre de cette comédie de Shakespeare est « ce que vous voudrez ». Dan Jemmett l’a pris au mot, et c’est tant mieux pour nous.
