Le titre, c’est déjà le film. Grâce à Jean-Luc Godard « peintre en lettres », le cinéma reprend les risques de l’art, renaît à sa vie. Musicien du mouvement, Jean-Luc Godard avance et cherche. Il respire l’air du temps et il recense, prophétique, les mines de la moderne barbarie. Les espoirs meurent au pied des routes bleues, l’argent assassine la ville, le discours dessèche les tendresses, chaque homme porte au fond du coeur un éclat de violence — comme si le diable du conte d’Andersen venait de briser son miroir, amusé de ses maléfices. Le titre, c’est déjà la vie. Jean-Luc Godard est fort parce qu’il décrit et détaille les heurts de la réalité, parce qu’il dévoile, implacable, la misère sexuelle. Au-delà du sexe, toute femme, de toute condition, reconnaîtra la face multiforme de l’humiliation, et se verra, là, dans sa parole inexperte, dans l’approximation de ses rêves et de ses révoltes. SAUVE QUI PEUT (LA VIE), c’est le constat romantique d’un monde en alerte.
Yvonne Baby (Le Monde)
SAUVE QUI PEUT LA VIE (LA VIE)
Distribution
De Jean-Luc Godard / France/Suisse, 1979 - 1h30 |