PASTORALE

Depuis qu’Otar losseliani parle de son pays, la Géorgie, les choses ont changé. Avec Pastorale, on est loin de La Chute des Feuilles, son premier film, qui s’ouvrait sur les vendanges et s’achevait sur l’immuabilité d’une église. Avec Pastorale, le cinéaste se fait plus grave, plus désenchanté. Toujours tendre et critique, il montre les Géorgiens et leur façon de vivre, de travailler, mais constate cette fois que l’invitation du progrès a touché les racines. Pastorale est une représentation discrète et complexe, elle n’est pas faite en fonction du récit. Le récit, lui, est souterrain. Un quatuor de musiciens venus de la ville s’installe un été dans un village, et les enfants de la famille qui leur a loué quelques pièces au-dessus de chez eux sont très attirés par ces visiteurs. Mais cette histoire n’est pas portée au-devant de l’écran : losseliani la raconte sans en avoir l’air, et la démultiplie en innombrables débuts d’histoire. Mille détails sont ainsi à découvrir, et, pour cela, on peut, sans ennui, voir et revoir Pastorale.
Claire Devarrieux, Le Monde