PASSE TON BAC D’ABORD

Maurice Pialat s’est imposé lentement et difficilement (et pas autant qu’il le mérite) par des œuvres marquées d’une certaine crudité-cruauté qui leur confère un ton très per­sonnel : « L’enfance nue » (Prix Jean-Vigo 1967), « Nous ne vieillirons pas ensemble », « La gueule ouverte »…
Donc, ici, point de fiction dramatique rigoureusement éla­borée mais une sorte de cinéma direct : un groupe d’adolescents de milieu ouvrier dans une ville du Nord (Lens). Ils sont à un tournant de leur vie, partagés entre le sentiment de l’inutilité des études et la crainte de ne pas trouver de travail. A quoi bon passer le bac, si c’est pour se retrouver chômeur ? Mais les parents répondent par la formule du titre aux désirs des Jeunes da se lancer dans la vie le plus tôt possible, de s’affirmer comme adultes au prix d’un saut dans le vide. Les discussions de bistrot tournent autour du thème de l’évasion : Paris représente un idéal, encore inaccessible. La province n’offre pas tellement de distrac­tions pour tuer le temps.
Le film frappe par l’immédiateté et l’authenticité de son approche des personnages. Le réalisateur trouve constam­ment le ton juste. On y croit d’un bout à l’autre, sans que Pialat ne nous tende le piège de la psychologie ou le mirage du moralisme.