PARADIS D’ÉTÉ

Distribution

De Gunnel LINDBLOM (Suède 1976)
Durée : 1 h 53
Production : lngmar BERGMAN
Réalisation : Gunnel LINDBLOM, d'après un roman de Ulla IASAKSSON

Résumé

Quand on a été pendant plus de quinze ans – depuis Le Septième Sceau (1956) Jusqu’à Scènes de la Vie conjugale (1976) – l’une des principales interprètes des films de lngmar BERGMAN, il serait fort pertinent d’affirmer que le réalisateur suédois a laissé quelques traces de son savoir sur le premier film d’une réalisatrice, d’autant que Gunnel Lindblom fut non seulement comédienne, mais également assistante.
Des qualités bergmaniennes Paradis d’Été en a à reven­dre. Lindblom a recueilli du maître suédois la richesse du dialogue. Ici, les mots sont ceux de tous les jours, employés cependant pour dire des choses importantes. Phrases émondées épurées, au service d’un discours qui n’a pas peur de l’être. Son interruption est continuel­lement justifiée. La construction est là pour faire avancer, progresser. Les qualités se retrouvent aussi dans les personnages riches en couleurs, empreints de contradic­tions, échappant ainsi au manichéisme.
Le sujet du film : quatre générations d’une même famille, se réunissent comme chaque été dans une résidence, « villa Paradis », située dans un archipel. Katha, doctoresse, divorcée depuis de nombreuses années, persuadée que les traditions (fête de la Saint-Jean) et les liens familiaux peuvent encore pré­server cette atmospère de quiétude, qui jusqu’alors cimentait les générations, continue de régner dans cette maison. Elle materne, se donne bonne conscience auprès de tout le monde : avec ses filles, ses petites-filles, et également avec son amie Emma, assistante sociale éprouvée par une vie professionnelle consacrée à la Jeunesse socialement inadaptée (…) Les conflits qui oppo­ sent Emma à Katha traduisent ceux de la société actuelle, où le bien-être, le fameux mythe du bonheur socialiste à la suédoise, s’est effrité pour toute une génération. La génération des vingt ans. Satisfaite de son libéralisme politique, sexuel, économique, la Suède s’est réveillée sans doute un peu trop tard, comme on a pu le voir aux dernières élections. La politique n’est pas ici le moteur du film : mais on sent qu’elle n’est pas absenta pour autant. C’est elle qui apparaît comme élément de réflexion pour le spectateur. Les enfants que Gunnel Lindblom nous montre ne manquent de rien, ils sont bien riciurrls, propres, « aseptisés ». li ne leur manque qu’une seule chose : l’affection. Mot clef du film, qui Irrigue ce constat de faillite de la société suédoise.C’est le règne d’une grande frustration Individuelle et collective. Et c’est sans doute là le propos principal de cette réalisatrice, qui tente de nous dire que le bonheur n’est pas atteint. Le paradis terrestre n’est certes pas circonscrit entre le soleil, les fleurs, le confort.
Robert GRELIER (La Revue du Cinéma n° 322).

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De Gunnel LINDBLOM (Suède 1976) <br> Durée : 1 h 53<br> Production : lngmar BERGMAN<br> Réalisation : Gunnel LINDBLOM, d'après un roman de Ulla IASAKSSONPARADIS D'ÉTÉ