20H30 : MELODIE POUR UN TUEUR – Fingers
De James TOBACK U.S.A. – 1977 – Durée 1h31
«Fingers», littéralement : doigts, décrit l’itinéraire psychotique d’un personnage écartelé entre la respectabilité que lui procure sa fonction sociale et ses pulsions sadomasochistes. Dépourvu d’émotivité face au monde qui l’entoure, comme l’étranger de CAMUS, doté d’une double personnalité (selon qu’il joue BACH ou arpente fiévreusement, la peur au ventre les bas quartiers), comme le Dr. JECKYLL et Mr HYDE, Jimmy ANGELELLI rejoint, tout comme Axel FREED, la lignée des héros de DOSTOIEVSKI dont TOBACK a indubitablement subi l’influence. TOBACK réalise un film troublant et oppressant, inquiétant et fascinant qui rend compte d’un nouveau talent au premier film prometteur.
22h30 : L’ORDRE ET LA SÉCURITÉ DU MONDE
De Claude D’ANNA. France 1978 – Durée 1h45.
L’ORDRE ET LA SÉCURITÉ DU MONDE, «thriller» politique, montre comment, dans le monde moderne (un monde finissant d’après l’auteur), l’individu-pion compte peu, est dérisoire, anonyme, manipulé, quand il n’est pas broyé par ceux qui «agissent» le monde, les dirigeants des multinationales Par-dessus les nations et leurs gouvernements, ce sont ces sociétés, protéiformes et sans âmes détentrices du grand capital, qui possèdent le vrai pouvoir, fomentent des coups d’état, «déstabilisent» un gouvernement, autorisent ou provoquent les massacres de population civile. Ce suspense «qui va plus loin» séduit à la fois par la sophistication et la poésie de ses images, captive par la mise en oeuvre d’une atmosphère angoissante (la pluie, la nuit, le train, la fragilité des deux protagonistes pris au piège), enfin et surtout nous concerne par le discours profondément pessimiste qu’il illustre.
0h30 : LE PIÈGE
De John HUSTON U.S.A 1973 – Durée 1 h38
Ne parlons pas trop du scénario : embrouillé à plaisir, plein de trous, de coincidences et de ficelles, il ne tire pas à conséquences. Reste, et c’est tout le sel du film, la fabuleuse jeunesse de John HUSTON, sa maitrise du cinéma, son humour. Il faut voir comme il distribue les cartes aux spectateurs fascinés, certes biseautées, personnages à double face, espions vrais ou faux, flics aux allures de truands. Il y a constamment le goût du jeu, double et même triple chez HUSTON, un jeu qu’il mène avec l’aisance souveraine du deus ex machina. Son humour est tel qu’il laisse même entendre à plusieurs reprises qu’il n’y comprend pas grand chose.