Né dans les années 20 lors d’une traversée de l’Atlantique et abandonné à sa naissance sur le piano de la salle des premières classes, Novecento, à trente ans, n’a jamais mis pied à terre. Naviguant sans répit, il passe sa vie les mains posées sur les quatre-vingt-huit touches noires et blanches du piano, à composer une musique étrange et magnifique, qui n’appartient qu’à lui : la musique de l’océan dont l’écho se répand dans tous les ports. Sous la forme d’un monologue poétique, Alessandro Baricco allie l’enchantement de la fable aux métaphores vertigineuses.
“ Elevé par l’équipage et n’ayant jamais connu d’autre univers que la mer, Novecento découvre le monde que lui racontent les passagers. Il joue au piano tous les airs qu’il entend, le jazz qui triomphe, toutes les musiques. Sa réputation grandit au fur et à mesure de toutes les traversées. Des premières aux troisièmes classes, il fascine, intrigue. Il devient un phénomène pour tous ceux qui l’écoutent. On le provoque en duel, on l’invite à descendre. Il est tenté d’aller voir sur la terre. Mais la terre est peut-être un clavier trop grand pour lui. Il veut rester fidèle au monde qui est le sien et, sur ce piano, sur cet espace limité à quatre-vingt-huit notes, il veut faire entendre le monde qui est en lui et qui est infini. L’immensité des trésors que l’on cherche souvent ailleurs qu’au fond de soi, nos rêves, nos peurs, tout ce que raconte cette histoire, j’avais envie d’en faire entendre les épisodes colorés, aussi bien avec les mots d’Alessandro Baricco qu’en musique et avec la présence, sur scène, des musiciens de jazz. “ – André Dussollier