NEWS FROM HOME

La caméra est plantée là, au milieu d’une rue, et enregistre. Devant le court espace d’une intersection, avec, de chaque côté, les maisons de briques rouges. Une voiture arrive, souple, animale. Elle longe le trottoir, disparaît, et son passage s’est accompagné d’un bruit de vague, comme étouffé. Voici qu’on parle. Une voix, en off, qui lit une lettre. « Ma très chère petite fille. J’ai bien reçu ta lettre et j’espère que tu continueras à m’écrire souvent. NEWS FROM HOME : nouvelles de la maison. Chantal AKERMAN, le jeune auteur de « Jeanne Dlelman » est partie à vingt ans, en 1971, pour New-York. Comme ça, sur un coup de tête. Les lettres, ce sont celles de sa mère qui, de Belgique, lui écrivait régulièrement. Des images et des mots. Et, sans acteurs, sans intrigue, la montée d’un suspense inouï, d’une émotion bouleversante, qui vous prend tout le corps, par le seul Jeu de ces longs plans fixes, de cette insistance à regarder, comme ça, les choses autour, si dures et si lointaines. L’impression d’être passé par une expérience unique, un lavage du regard, de l’ouïe. Un long voyage à travers le réel. La découverte d’un cinéma, neuf, inouï, qui dit tout, de la vie, de l’amour, en filmant une rue vide. Faut-ii dire : un chef-d’oeuvre ?