Danseur et chorégraphe italien installé à Amsterdam, Emio Greco a collaboré avec Jan Fabre, Saburo Teshigawara et William Forsythe avant de fonder sa propre compagnie en 1995 avec le metteur en scène Pieter C. Scholten. Après avoir mis au cœur de leur travail le scénario de Pasolini Théorème et La Divine Comédie de Dante, ils ont répondu à l’invitation du Théâtre du Jeu de Paume d’Aix-en-Provence de travailler, à l’occasion du centenaire de la naissance de l’écrivain, autour de L’Étranger, le très célèbre texte d’Albert Camus.
Le choix du héros d’Albert Camus « étranger à soi et au monde » est un enjeu à la mesure de ces deux artistes. Questionnant depuis de nombreuses années la place du corps humain dans la société, ils veulent transposer en mouvements, en musique et en lumières les mots du héros dont l’histoire traverse le roman. Imaginons un univers clos, dans lequel un homme, confronté à la normalité, étouffe, se débat et cherche sa liberté. Emio Greco danse les mots d’Albert Camus avec la force d’un corps engagé, dans un univers clos et suffoquant, dans la chaleur d’une Algérie lumineuse et bruyante où un homme revendique sa liberté et son droit à la différence. La scénographie sera, comme dans tous ses spectacles, très dépouillée, et la lumière portera en elle la ligne dramaturgique. Un travail comme d’habitude chez Emio Greco très physique, qui utilise l’énergie et la force du danseur, une œuvre qui se crée toujours par improvisation, faisant la part belle à l’intuition sans négliger un travail de recherche documentaire très poussé.
