Pour sa nouvelle création Maud Hufnagel a choisi, comme Olivier Letellier, un texte de Stéphane Jaubertie. C’est l’histoire d’une petite fille qui s’appelle Létée, comme l’été. Comme Léthé aussi, ce fleuve infernal de la mythologie grecque, le fleuve de l’oubli. Elle rêve de « disparaître à l’intérieur d’une famille ». Il fait chaud ce jour-là. On est à la campagne, en plein été. Sous le grand arbre, une famille met la table pour le repas de midi : la grand-mère, le père, le frère. Sans qu’ils la voient, Létée entre dans la maison fraîche et va se cacher dans un lit, sous une couette. Tout le monde l’appelle pour déjeuner. Elle ne répond pas. Tout le monde s’inquiète, la cherche. Quand elle réapparait. Personne ne la reconnaît. Le père n’a jamais eu de fille, le garçon de sœur, la grand-mère de petite fille.
“ Létée, c’est une plongée ludique et vertigineuse dans les rouages de la mémoire. Cela parle d’une famille, de la famille, d’amour et de séparation, de transmission et d’oubli, de l’état d’enfance et de l’expérience onirique. Comme une sorte de révélateur, la mémoire laisse émerger des fragments de souvenirs dont personne ne peut vérifier l’authenticité. (…) Si l’énigme du texte de Stéphane Jaubertie peut être perçue comme une sorte de songe déroutant et déstabilisant, elle est pour moi la source même de ce qui fait joie, parce qu’elle est animée par un moteur de vie extraordinairement libre : la mémoire. “
Maud Hufnagel