On les connait par la couleur de leur gilet, leur taille et leur personnalité de comédien, mais rarement par leur nom. Certains sont même persuadés qu’ils sont réellement frères. Pourtant, mis à part Georges et André BELLEC, d’ailleurs aussi dissemblables l’un de l’autre que peuvent l’être un peintre-musicien de jazz d’un juriste (ce qu’ils étaient effectivement à leurs débuts), cette fraternité ne doit rien au hasard de leur naissance. Elle est née au sein des Auberges de Jeunesse, des Éclaireurs de France et des Chantiers de Jeunesse, d’un même amour pour la chanson, la musique et le théâtre, et d’une même passion pour la travail bien fait. Pourquoi « FRÈRES» alors ? Parce qu’à l’époque, la mode était aux parentés (les Marx Brothers, les Dolly Sisters, les Mil Is Brothers). Pourquoi «JACQUES» ? Parce que l’expression : «faire le Jacques», généralement réservée aux gamins turbulents et facétieux, leur convenait à merveille. Enfin, parce que «FRÈRES JACQUES» évoque ce qu’il y a de plus français dans la chanson française. Depuis cet acte de baptème, les BELLEC, Paul TOURENNE, l’ancien employé des PTT et le paysan provençal, François SOUBEYRAN, ne devaient plus se quitter. Il y a plus de trente ans que çà dure. Plus de trente ans que l’on entend parler de ce quarteron d’affreux jojos qu’AUCUNE MODE, AUCUNE POLITIQUE CULTURELLE n’a réussi à RELÉGUER AU MUSÉE DE NOS SOUVENIRS. Quand on ne les entend plus en France, c’est qu’ils sont en tournée à travers le monde. Et comme les mousquetaires de Dumas, ils resurgissent au moment où on les attend le moins, se jettent avec force grimaces et clins d’oeil dans la bataille en compagnie du talentueux pianiste Hubert DEGEX. Le secret de cette longévité, si rare dans le monde des variétés ? C’est celui des authentiques poètes et des vrais artistes : une sévère exigence dans le choix d’un répertoire, un régime alimentaire de danseur, six heures de répétition par jour et une merveilleuse entente dans le travail qui fait de leur ensemble un seul corps à quatre têtes, huit mains, seize capes et vingt huit chapeaux.