Le Silence de Molière : une invitation à pénétrer dans le secret d’une vie. Giovanni Macchia a imaginé un dialogue entre un jeune homme fervent admirateur de Molière et la fille de ce dernier, Esprit-Madeleine. Si son existence fut bien réelle, on sait très peu de choses sur la vie de la fille de Molière (et de sa femme, Armande Béjart), sinon qu’elle choisit de fuir la scène, d’échapper à son destin pour se murer dans la solitude et un étrange silence. Enfant, elle refusa de jouer ce personnage de Louison, que son père avait écrit spécialement pour elle dans Le Malade imaginaire, comme si la vérité du plateau était une souffrance difficilement supportable.
Dans cette rencontre fictive, elle devient à son tour un personnage, s’extirpe à son corps défendant de ce silence qui la protégeait, pour nous faire découvrir son aversion et son amour du théâtre, comme une pierre brûlante qu’elle aurait gardée en son sein. Dans un décor de cellule monacale, Ariane Ascaride, tout en retenue et en justesse, transforme en touchante héroïne ce personnage d’Esprit-Madeleine, tandis que s’élève la voix d’un récitant-narrateur, Michel Bouquet, comme une respiration dans ce huis clos où l’on explore finalement l’essence même du théâtre. Marc Paquien met en scène une réflexion mélancolique sur la cruauté du théâtre qui dévore la vie, sur la difficulté d’exister lorsqu’on est la fille d’un saltimbanque et d’un génie.