Le jeu de l’amour et du hasard

Après Molière la saison dernière (Le Malade Imaginaire), Philippe Faure, metteur en scène et directeur du Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon, se réapproprie Le jeu de l’amour et du hasard de Marivaux qu’il avait montée il y a une quinzaine d’années. Toujours autant séduit par le sujet, l,a peur de s’abandonner à l’autre, la peur de l’amour, et par la langue non seulement éblouissante de maîtrise, mais rédemptrice et purificatrice, il se laisse enivrer par la richesse des mots, jusqu’au vertige.

Silvia et Dorante, deux futurs mariés qui ne se connaissent pas, décident, sans se concerter, d’échanger leurs rôles avec leurs propres domestiques, et dès lors de condition. Ainsi, il leur sera plus facile d’épier l’autre et de le découvrir à son insu. Bien sûr, l’amour sera plus fort que les déguisements et se jouera des conditions sociales.
Marivaux est l’un des rares auteurs à avoir laissé son empreinte dans le langage commun. De son nom et de son idée de l’amour est né le marivaudage, un jeu avec les surprises et les faux semblants de l’amour, un jeu léger et gai avec les sentiments et les mots. Marivaux est un délicat et un affecté, sa subtilité et sa légèreté cachant, le plus souvent, une extrême gravité. Il sait la cruauté de la vie, la poésie des songes. C’est un philosophe qui use de la séduction et du divertissement pour décortiquer les causes et les effets du sentiment amoureux.