» Elle a 330 désirs » précise le sous-titre du film. Elle, c’est Anna (Dagmar Blahova) jeune et belle, infirmière de son métier, qui, de sa campagne, monte à la capitale, Prague, pour atterrir dans une maternité qui ressemble à une usine à bébés. Là, elle se laisse courtiser puis séduire par le déconcertant Docteur John (Jiri Menzel), plus préoccupé par les charmes des nouvelles stagiaires que par la santé de ses patientes. D’ailleurs, il cumule avec aisance les exper1ences amoureuses : il est parallèlement l’amant de Martha (Evelyna Steimàrova), la femme de son collègue, bourgeoise encanaillée.
Dans ce lieu symbolique, où l’on donne la vie, Anna va accoucher d’elle-même, de sa liberté. Enceinte, elle décidera d’assumer seule sa maternité, rejetant le Docteur John, trop tiède dans ses sentiments. La fin du film nous laisse sur l’image d’une Anna, épanouie dans ses rondeurs de future mère, juchée sur une bicyclette, pédalant avec vigueur dans la nature, sous l’oeil ébahi du Docteur John, repentant et, semble-t-il prêt à la reconquérir.
L’impertinent auteur des « Petites marguerites », affiliée au groupe des cinéastes du Printemps de Prague fait à nouveau exploser ses revendications de liberté après sept ans de silence forcé. Parmi les 330 désirs à satisfaire d’Anna, quelques-uns lui tiennent vraiment à coeur, et ceux là sont en fait tous ceux qui ont un rapport étroit avec la liberté. Liberté de choisir sa vie de femme.
Comme la satire sociale à l’italienne, la grande force de ce cinéma de contestation, facilement taxé de dissident à l’intérieur de ses frontières, est de s’en remettre à l’humour. Un humour dévastateur, qui est la respiration même du film et intervient à tous les niveaux de l’élaboration du film (montage, direction d’acteurs).
LE JEU DE LA POMME
Distribution
De Vera CHYTILOVA (Tchécoslovaquie 1976) Durée : 1 h 35 |