Le Cavalier Seul, où le verbe audibertien éclate de toutes ses succulences, raconte l’histoire du chevalier Mirtus, un jeune occidental qui, s’ennuyant dans son Languedoc natal, s’enrôle parmi les Croisés. Chemin faisant, il rencontre des civilisations différentes de la sienne qui le stupéfient et l’ébahissent par leurs raffinements. Parvenu à Jérusalem, Mirtus ne délivrera pas le nouveau Christ, à l’image du premier, qu’il voit maltraiter devant lui. Ayant donc refusé de se sacrifier il retrouve deux « représentants » de l’armée franque qui viennent de faire un carnage et se rallie à leur « croisade ». « Nous sommes les chrétiens ! ».
Pour Audiberti, toute Eglise a ses tartuffes ses inquisiteurs, ses conquistadors, intégristes ou progressistes, qui à chaque instant défigurent, falsifient, exploitent le message évangélique à des fins profanes, notamment politiciennes. On risquerait cependant d’affaiblir la portée du Cavalier Seul en en faisant une satire anticléricale. Il y a des croisades sans croix. C’est à toutes les guerres saintes que s’attaque Audiberti qui, reporter, assista à l’agonie de la Catalogne libre. Les grands conflits du siècle, nous rappelle Bernard-Henri Lévy, sont des guerres de religion où l’idéologie a pris la place de la foi évanouie. Derrière la croyance de jadis, derrière la conviction d’aujourd’hui, l’on débusque aisément des appareils, des pouvoirs, des Etats. L’orthodoxie est le multiplicateur du crime. Quand elle se fait militante, conquérante, par exemple à Kaboul, elle se détruit, elle nie sa légitimité. « Celui qui veut imposer la vérité ne possède pas la vérité ».
« À propos de Cavalier Seul, justement, le Théâtre de l’Evénement et la Nouvelle Compagnie nous donne actuellement un très bel exemple de travail d’équipe. Homogénéité, précision, efficacité. Décidément, cette saison, Audiberti est servi et bien. Redécouvrirait-on les vertus vivifiantes du verbe méditerranéen ? C’est à souhaiter, car le théâtre d’Audiberti est parmi les plus originaux qui soient. Hors de tout courant de pensée, de toute école, il échappe aux étiquettes. C’est le théâtre d’un libre-penseur et cela mérite le détour ».
Les Nouvelles Littéraires
« Rien de plus ensoleillé que le verbe d’Audiberti. Il métamorphose tout ce qu’il approche : ouragan irrésistible soulevant de terre, comme fétus de paille, les hommes, les siècles, les continents qu’il croise en chemin. Le théâtre d’Audiberti est une fête ; et tel est bien ce Cavalier Seul, plongeant ses racines dans ce XIe siècle qui fut celui de la « première croisade libératrice ». Entre Audiberti et le Moyen Age : point de divorce ».
P. de Rosbo
LE CAVALIER SEUL
Distribution
De : Jacques AUDIBERTI LA NOUVELLE COMPAGNIE Mise en scène : Jean-Claude AMYL |