LA PETITE CHEMISE DE NUIT

Jérôme Deschamps a 33 ans. Il a travaillé avec Patrice Chéreau et Jean-Pierre Vincent, et a été élève au Conservatoire de Paris, puis pensionnaire à la Comédie-Française. Avec Antoine Vitez, il joue dans Mère Courage, m = M, Partage de Midi, et Iphigénie Hôtel. Jérôme Deschamps a également réalisé plusieurs spectacles personnellement : d’abord Boulifiche et Papavoine au T.N.P., puis Blanche Alicata au Théâtre Daniel Sorano, et enfin La Famille Deschiens et Les Oubliettes, créés au Théâtre des Quartiers d’Ivry au printemps 1979 puis repris aux Bouffes-du-Nord en décembre.

« … ce n’est pas précisément un théâtre du texte. Né dans le même berceau du théâtre libre et dégagé de tout engagement, Jérome Deschamps comme Farid Chopel parle quand bon lui semble, non par principe. S’en suit un théâtre ouvert aux vents contrastés de la loufoquerie, et, ce n’est pas la moindre de ses qualités, admirablement réglé… C’est drôle comme Grock, tendre comme Harpo et désespéré comme Keaton… Un acteur loufoque comme on en voit peu, un univers et des personnages entêtants et un spectacle inoubliable. »
Libération – 27.11.79

« Là, dans cette heure de bêtises, l’air de rien, ils expriment mille choses profondes, et tout ce qu’ils ont lu, appris, récité, agi, gymnastiqué, partagé, souffert ou aimé, soigné ou bâclé, s’est délicatement transmué en une suite de bruits et de gestes d’apparence élé-mentaire, qui en disent autant qu’une tragédie classique, en prenant d’autres chemins, plus champêtres. Jérôme Deschamps et ses copains sont partis du cirque, et avec le comique simple, ils ont approché un état extrême dénuement social.
Le Monde – 26.4.79

« Un étonnant soliloque, accompagné à l’accordéon par une grosse fille passive. À travers cette longue dégoulinade baragouinée passe toute la vie d’une paysanne réduite à l’essentiel – les bals, les jeunes, les poules, les jeunes, les filles, les jeunes. Le gâtisme ordinaire. Comme rien jamais n’est créé de rien, on a pensé bien sûr successivement à tous les grands du cirque, à tous les Gugusse, à tous les M. Loyal du répertoire, à Beckett, à Fellini, à Charlot, aux trois Marx. Mais, avec ses gags visuels admirablement mis au point, avec ses grumeaux de langage qui surnagent sur la soupe amère de la vie, c’est en définitive un spectable profondément original et dense que nous offrent Jérôme Deschamps et les chiens – pardon, les siens. »
Dominique Jamet