GRAINE DE CUMQUAT

Le Rêve d'un Garçonnet au Crâne Rasé

Distribution

GROUPE SANKAI JUKU
THEATRE DANSÉ (BUTO)
Pièce en 1 acte et 7 tableaux conçue et réalisée par USHIO AMAGATSU

Résumé

Quelque part entre le jour et la nuit un lapin blanc, tapi sur le ventre de l’homme aux cheveux noirs. Il se relève, astique son minois. L’homme tremble, silencieux. Le jour va mourir. Quatre hommes s’approchent. Des orteils à l’occiput : rasés. Sous une chasuble aux broderies usées (le poids de la tradition), ils sont nus. Le corps maculé de fard, poudré. Gris, blancs, sans âge. Ils marchent lentement. Une musique plânante (le poids de l’époque) sort de deux bouches noires. Entre leurs doigts maquillés d’un rouge léger la danse des aiguilles vient de commencer. Douce, fascinante. Discrètement mortuaire comme le sont les silhouettes sur un négatif photographique. Tout à l’heure quand les aiguilles le frôleront le lapin se fera tout petit. Une petite boule immobile dans la nuit. Une séquence parmi d’autres dans un spectacle du Sankai Juku.

Le « Buto » (mot aux sonorités — en japonais — dures) est une danse qui s’inscrit en réac-tion contre le « Buyo » (mot aux sonorités douces qui recouvre toutes les danses tradi-tionnelles depuis le kabuki, jusqu’au ballet à l’occidentale, fût-il moderne). Le « Buto » est un théâtre de la révolte, dansé. Né dans les années 1960 avec les tentatives de Tatsumi Hijikata et de Kazuo Oono, le « Buto » a véritablement pris son essor sous l’influence du « pouvoir étudiant » qui lui a apporté son appui après les grandes manifestations étudiantes de la fin des années 1950. La représentation de « Révolte du Corps », donnée par Tatsumi Hijikata en 1968, consacre définitivement le « Buto » comme genre et élargit considérablement son audience au Japon. Mais il reste un théâ-tre « hérétique ». Bien que n’ayant aucun rapport avec les formes du « Buyo », le « Buto » entretient des liens étroits avec la culture japonaise et se rattache étroitement à la tradition ; on y retrouve la gestuelle propre à un peuple. (Au Japon, on salue en courbant le buste et non en serrant la main ; il est impoli de parler en fixant son interlocuteur ; ce sont là des attitudes, des gestes particuliers aux japonais). Parallèlement à ces différences dans les attitudes, il existe des différences morphologiques entre japonais et occidentaux (genoux en saillie, articulations des cuisses, longueur des bras).

Deux heures d’un récit sans paroles qui mêle la grâce noble de danses rituelles, le maniérisme canaille du music-hall, la violence d’un érotisme qui va au-delà de la sexualité, les grondements des persécutions, les fioritures de musiques occidentales frelatées, et le silence. Le poids, le cri du silence jailli des bouches ouvertes, triangles noirs trouant les peaux blanches. Deux heures à en perdre le souffle, voyage extraordinaire.
(Colette Godard, « Le Monde »).

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GROUPE SANKAI JUKU<br> THEATRE DANSÉ (BUTO)<br> Pièce en 1 acte et 7 tableaux conçue et réalisée par USHIO AMAGATSU GRAINE DE CUMQUAT