La « machine », c’est bien sûr la machine du docteur Guillotin. C’est aussi la machine judiciaire – et la presse, et la télé – qui se met en branle lorsque la société se sent menacée dans ses fondements, les plus discutables parfois. D’où, enfin, une analogie, lointaine et superficielle, mais certaine, avec les « machines » kafkaïennes, celle par exemple de « La Colonie pénitenciaire ». L’assassin d’une petite fille est condamné à mort et exécuté. Ce pourrait être un film de Cayatte. Résumer, ici plus que Jamais, c’est trahir. li ne fallait certes pas s’attendre de la part de l’auteur de l’extraordinaire « Femmes, Femmes » à un film au mieux militant, au pire complaisant. Avant d’être un film sur la peine de mort, « La Machine » est un film. Et c’est pour cette raison que l’œuvre nous convainc et nous émeut. Vecchiali a pris autant que faire se peut le parti du réalisme (l’assassin s’appelle Lentier, allusion au Lentier de Zola) et de la neutralité. Il a fait appel à un vrai commissaire de police pour Interroger Lentier-Bouvet, à un psychiatre, il s’est servi de coupures de presse relatant les affaires Christian Ranucci et Patrick Henry et de dlcours d’hommes politiques prononcés à l’occasion de ces affaires, Il a laissé impro viser ses comédiens (Jean-Christophe Bouvet est étonnant), etc. Enfin et surtout la mise en scène, toute de rigueur, parfois subtile et concertée, parfois quasiment improvisée, selon l’exigence profonde de l’œuvre, ne prend pas parti. Nous sommes d’autant plus ébranlés qu’on ne cherche pas à nous » avoir » à tout prix. P. Vecchiali a réussi un film « populaire » exemplaire.
LA MACHINE
Distribution
De Paul VECCHIALI (France 1977) Durée : 1 h 40 Réalisation : Paul VECCHIALI |