Deux longues tresses, une voix étonnamment riche, un piano, vingt-trois ans, le goût de la dérision, le sens du grotesque et un humour qui masque une sensibilité à vif… C’est Jeanne Cherhal, découverte du « Attention Talents Scène » du Printemps de Bourges 2001. Seule sur scène avec son piano et son accordéon, elle chante des histoires drôles et noires à la fois. Tout y passe : la vie, l’enfance, le spleen, les agonies. Et quand les blessures font un peu trop mal, Jeanne entraîne le public dans ses fous rires. Une « raconteuse d’intimité » qu’elle préfère nettement au titre de chanteuse réaliste.
J’ai toujours eu envie de cette vie d’artiste. Je n’ai pas été brutalement propulsée comme chanteuse. C’est un choix. J’ai évité la facilité. J’ai toujours fait de la musique et j’adore écrire des lettres. J’ai du mal a écrire des choses trop profondes, j’écris des chansons sautillantes mais j’ai envie d’évoluer vers une chanson émouvante et triste sans pour autant qu’elle soit réaliste. Les univers de mes textes ne sont pas probables. J’aime infiltrer un détail surréaliste ou impossible.
Je ne peux pas dire que mon entourage ait été surpris en me voyant sur scène. L’aisance scénique est spontanée, elle ne s’apprend pas. Ou tu es à l’aise tout de suite, ou tu ne le seras Jamais. Il faut au départ du goût pour ça, c’est un peu pervers, il faut aimer s’exposer. La scène, j’aime. J’aime y penser avant, être dessus, en sortir. Je Joue à la gamine, à la femme fatale, sans être vraiment sûre de moi. Je n’ai pas confiance en moi, sauf sur scène, où Je suis dans mon élément.