JE DANSE PARCE QUE JE ME MÉFIE DES MOTS : « Il ne faut pas que tu bouges dans l’espace, mais que ta danse fasse bouger l’espace. » Un conseil paternel qui vaudra précepte pour la danseuse et chorégraphe Kaori Ito, installée en Europe depuis bientôt quinze ans (elle travaille avec les plus grands : Decouflé, Preljocaj, Thierrée ou encore Platel). Des mots qu’elle s’appliquera à faire résonner dans son travail, et sa quête de faire plaisir à son père. Comme toutes les filles. Au Japon, on exprime peu ses sentiments, c’est culturel. Alors quand des milliers de kilomètres séparent les êtres qui s’aiment, c’est d’autant plus difficile… Kaori Ito a alors imaginé exprimer par le corps ce qui ne peut pas se dire. Dans ce portrait intimiste, elle explore ses racines à travers une rencontre artistique et humaine avec son père, le sculpteur Hiroshi Ito. Pour mettre en scène ces retrouvailles, elle invente un langage étrange qui leur ressemble, à l’intersection des mots et de la danse. Par des questions brutes, incisives, profondes ou futiles, elle brise la glace et joue avec les silences de ce père, chargé de secrets. Fille et chorégraphe à la fois, elle le regarde évoluer sur scène, léger, appliqué et heureux, comme un enfant. Puis elle coupe court aux mots, s’abandonne à l’espace, se dévoile, se livre devant lui par la danse. Et, enfin, l’invite à danser ensemble, pour reconstruire dans l’art ces liens de sang, invisibles et fascinants.
