En présentant Mademoiselle Julie d’August Strindberg, nous avons bien sûr évoqué la proche parenté des deux pièces et le fait de les réunir dans la programmation d’une même saison était attrayant. Hedda Gabler et Julie Deux destins tragiques de femmes inadaptées au monde sclérosé qui les entoure. Deux figures révoltées qui paient le prix fort pour n’avoir pas renoncé à ses désirs pour l’une et à son intégrité pour l’autre. Arrières petites filles d’Antigone dans un registre moins directement « politique »; mais seulement en apparence.
Hedda Gabler est l’héroïne d’une tragédie écrite en 1890. Une femme révoltée qui condamne elle-même sa révolte à l’impuissance et retourne contre elle cette énergie qui pourrait l’amener ailleurs, hors des conventions d’un milieu étouffant et archaïque. Elle a fait un mariage de raison et a eu un amant qu’elle a quitté. Elle fait payer aux autres son refus de choisir ou plutôt ses choix de vie par défaut. Réfugiée dans l’amertume, le seul plaisir qui lui reste en attendant la mort est de contempler le pouvoir qu’elle exerce sur les autres. N’éprouvant plus aucun désir, elle se maintient en vie en expérimentant sa capacité à détruire ceux qui lientourent.
Pour revisiter la pièce d’Isben, Richard Brunel propose une très belle distribution avec David Ayala (que vous avez peut-être vu dans Dog Face monté par Dan Jemmett), et une très émouvante Hedda incarnée par Cécile Garcia-Fogel
Hedda Gabler
Distribution
Compagnie Anonyme Texte : Henrik Ibsen Mise en scène : Richard Brunel Avec : David Ayala, Cécile Garcia-Fogel, Gilette Barbier, Laurent Meininger, Grégoire Monsaingeon, Julie Pilod |