La fin du 19e siècle est le cadre de trois pièces à l’affiche cette saison : Mademoidelle Julie, La Mouette et Hedda Gabier. La première et la troisième ont beaucoup de points communs. De par l’origine géographique de leurs auteurs mais aussi de par le sujet qu’elles abordent : la relation de la femme qui veut vivre et affirmer ses désirs dans un ordre social devenu obsolète, dans un monde qui découvre la psychanalyse et sa modernité radicale mais qui vit encore dans des conventions sociales étouffantes, plus particulièrement encore pour la femme. Pas étonnant alors que de tels cocktails soient explosifs ! Mais ce qui est prenant, c’est le regard de ces hommes, auteurs de théâtre, sur des personnages féminins complexes et attachants.
Après l’univers de Ôdon Von Horvath et son Belvédère, présenté et chaleureusement accueilli à Thonon la saison dernière, Jacques Vincey s’immerge dans le monde du Suédois August Strindberg. Sous titrée « drame naturaliste », Mademoiselle Julie témoigne de la fascination de l’auteur pour les trois unités (temps, lieu, action) du théâtre classique français. Lintrigue, simple mais fouillée, repose sur l’observation, l’expérience et la complexité du genre humain. Ce qui donne à cette pièce, écrite en 1888, une éternelle modernité à vocation universelle. Mademoiselle Julie fait aussi écho au Quartett d’Heiner Muller tant, comme l’explique le metteur en scène Matthias Langhoff, elle donne à voir sans pudeur les relations entre les deux sexes, et met en jeu un théâtre de regards, de mot, de contacts. Le drame se projette sur la peau des personnages, le désir détermine les règles du jeu.
Au XIXe siècle, un grand propriétaire terrien s’en va fêter la Saint-Jean, laissant seule au domaine la comtesse Julie, sa fille. Celle-ci, vivant mal la rupture récente de ses fiançailles, est dans une phase douloureuse de son existence. Désemparée et faisant fi des conventions sociales, elle s’enivre et rejoint les domestiques. Lun d’eux, Jean, qui la convoite depuis de longues années, voit en elle un moyen de s’élever dans l’échelle sociale… Mais leur rage d’absolu, la question de l’honneur et l’inacceptation de leur condition sociale va les amener l’un et l’autre à leur perte.
Mademoiselle Julie
Distribution
Compagnie Sirènes Texte : August Strindberg Mise en scène : Jacques Vincey Avec : Julie Delarme, Vincent Winterbalter, Cécile Camp |