Don Quichotte

Après la présentation de la très sobre et épurée Voix Humaine, en fin de saison dernière, Sarkis Tcheumlekdjian renoue avec le théâtre romanesque, en nous contant, après celles d’Erendira, les aventures héroïques de Don Quichotte. Dans cette deuxième partie du roman, écrite dix ans après la première, le chevalier, malgré les années passées, et assuré de la fidélité de Sancho Panza, continue de préférer le risque des chemins de traverse aux routes bien tracées, et persiste à défendre les rêves impossibles.

En 1615, date de sa première publication, Don Quichotte ouvre l’histoire du roman. Il inaugure ainsi un domaine nouveau et donne à l’imaginaire une fonction essentielle. Avec Cervantès, il faut comprendre le monde avec toutes ses ambiguïtés, loin d’une seule vérité absolue. A partir de toutes les questions qu’il pose sur l’identité, la vérité et l’amour. il faut désormais se débrouiller avec une multitude de vérités relatives qui se contredisent.

La seconde partie du roman nous permet de retrouver un personnage bien différent. Don Quichotte n’a certes pas changé dans la forme, mais dans le fond, il n’est plus véritablement le même. La première partie de ses aventures ayant été traduite dans les plus grandes villes d’Europe, c’est auréolé de succès et convaincu de son authenticité, qu’il décide de quitter la table de travail de son créateur et de voyager librement à travers l’Espagne. Il espère trouver dans la seconde partie de ses aventures une dernière chance de mettre le monde à la hauteur de ses rêves. Son allure est tout aussi triste et tout aussi pitoyable, mais ce qu’il a dans la tête le rend superbe.
Sarkis Tcheumlekdjian – Metteur en scène