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Collection particulière

Lorsque l’on dit François Morel, on pense d’abord et toujours à la Compagnie de Jérôme Deschamps avec lequel il a Joué nombre de spectacles et aux Deschiens de la télévision. Pourtant, parallèlement, il a joué dans plusieurs pièces de théâtre, dans des films (Le bonheur est dans le pré, Un couple épatant…) et écrit des livres qu’il a portés à la scène (Meuh, À pas d’oiseau et Les habits du dimanche).

Parce qu’il adore la chanson et le théâtre, parce qu’il est curieux de tout et qu’il aime nous surprendre, François Morel a laissé courir son imagination délirante pour créer un spectacle musical mis en scène par Jean-Michel Ribes (Les brèves de comptoir, Le Théâtre sans animaux), un cabaret joyeusement ébouriffant !

Batailles etc…

Sept petites fables piquantes et drôles ayant pour thème les conflits, les altercations, les batailles ou la difficulté de vivre avec les autres et parfois même avec soi…
Un aristo et un prolo qui se retrouvent sur le même radeau, un couple en pleine scène de ménage, trois récits de rupture amoureuse, un explorateur revenant d’Afrique, etc… Autant de situations décalées et absurdes, traitées sur un mode burlesque et corrosif. Un bain de bonne humeur loin de tout réalisme.

Théâtre sans animaux

Théâtre sans animaux : au-dessus du cadre de scène de certains théâtres à l’italienne, on lit cette maxime : Castigat ridendo mores, ce qui signifie à peu près, il condamne (et corri­ge) les mœurs par (avec) le rire. Ce qui s’applique si bien à Molière est vrai d’une autre façon pour Jean-Michel Ribes.

Après Brèves de comptoir qu’il avait mis en scène, Jean-Michel Ribes nous avait habitués à une certaine forme d’humour, populaire sans être populiste et grin­çant sans être grincheux. Auteur à son tour, il nous propose un spectacle qui baigne dans un apparent surréalisme mais qui n’en dépeint pas moins avec justesse et sans rete­nue les vrais travers de la société d’aujour­d’hui : manque de com­munication, frustrations familiales et conjugales, solitude ou jalousie, le tout avec humour et poésie.

Sous couvert d’ironie mordante et dans un décor modulable au gré des épisodes de ce vau­deville insensé, ses person­nages loufoques nous ravis­sent et nous attendrissent. Il n’est pas sûr que nous en sortions profondément modifiés, mais au moins le spectacle est drôle du début jusqu’à la fin, avec ses situa­tions cocasses, ses déra­pages inattendus, servis par une écriture redoutablement efficace.

Théâtre sans animaux est une modeste contribution à l’art du sursaut et un hom­mage à tous ceux qui luttent contre l’enfermement moro­se de la mesure.
Jean-Michel Ribes

LES FRAISES MUSCLÉES

Le dimanche matin à l’heure où la matinée est grasse, des centaines de gens vont, vêtus d’une parure aux couleurs criardes nommée survêtement, courir par un froid glacial autour d’un lac au bois de Boulogne. Pourquoi ?
Pour perdre les quelques centimètres de graisses dont ils entourent leur abdomen durant la semaine. Bon. Trois fois par semaine, des centaines de milliers de gens vont s’allonger pendant trois quarts d’heure sur le divan d’un monsieur. lis parlent un peu, beaucoup, ou pas du tout. Le propriétaire du divan, lui, fait la sieste sur un fauteuil. Au bout de 45 minutes, le client se lève et le relève pour lui donner entre cent et cinq cents francs, puis il s’en va. Pourquoi ?
Pour savoir s’il doit tuer son papa, coucher avec sa ma­man et éventuellement se crever les yeux après. Bon. Chaque jour des trains entiers vomissent dans les villes d’eau des cadres supérieurs au teint pâle. Durant un mois, ils vont boire de l’eau qui sent l’urine pour soigner leurs reins et prendre des inhalations d’œufs pourris pour redonner forme à leur foie. Bon.
Mais nous, qui nous foutons d’avoir une grosse bedaine, une cirrhose, des rides plein la gueule, nous qui avons depuis longtemps tué notre papa et couché avec notre maman, nous qui pensons qu’une fois crevé, on a plus jamais la vue sur la mer, on fait pas tous ces trucs-là.

  • Vous faites rien alors ?
  • Si.
  • Quoi ?
  • Depuis sept ans épisodiquement, nous jouons « LES FRAISES MUSCLEES ».
  • Ah ? Et à quoi ça sert ?
  • À ne pas se prendre au sérieux et ça on s’en fout pas !
    Jean-Michel RIBES.