L’ALTRA DONNA

L’ALTRA DONNA frappe d’abord par la fraîcheur et la justesse de ton de ses interprètes. Les protagonistes du film, ce sont deux jeunes femmes à la recherche, au-delà de leur différence de race et de culture, de leur identité. Olga, une Italienne séparée de son mari, et Regina, une Ethiopienne venue en Italie pour chercher du travail et qui devient la domestique de la première, composent un étrange duo : au-delà des différences de toute nature et au-delà aussi de ce qui pourrait n’être qu’une simple solidarité féminine, les deux femmes changent, évoluent, tentent courageusement ou maladroitement d’accéder à une forme d’autonomie, de maturité ou d’insertion dans un monde qu’elles ont de la peine à maîtriser. Certes, la situation des deux femmes n’est pas totalement comparable. Regina doit lutter contre le déracinement dont elle est victime, elle doit s’affranchir, affronter une vie nouvelle dans laquelle il faut qu’elle devienne autre sans pour autant renier son monde d’origine. Olga, au contraire, pour-rait ne présenter que les symptômes de la femme privilégiée qu’un mari, dont elle est séparée, continue à faire vivre dans l’aisance matérielle. Cela dit, sa crise n’en est pas moins une crise profonde : coincée entre une mère envahissante, un enfant vis-à-vis duquel elle ne sait pas très bien définir sa fonction maternelle, un mari attentif qui espère toujours reprendre la vie commune, Olga a un long chemin à parcourir pour parvenir à s’assumer et à supporter un monde extérieur qu’elle perçoit avant tout comme quelque chose d’hostile. L’arrivée d’une – autre femme », une femme apparemment si loin d’elle, lui fera découvrir l’autre et soi-même et la conduira à franchir ce pas si difficile qui est celui de l’accession à plus de responsabilité vis-à-vis des autres et de soi-même.
Jean A. Gili