Joseph Albert Martin est un photographe ambulant du siècle dernier. À la belle saison, Il s’en va pour une tournée de cinq semaines, parcourt en carriole les vastes paysages ensoleillés et ramène les clichés qu’il développera à la maison. On le connaît et on l’estime. Tout le monde l’appelle J.A., y compris sa femme Rose-Aimée dont l’unique fonction est de s’occuper de cinq gosses et de faire régner l’ordre et la propreté dans la belle et vaste maison.
Quinze ans de vie commune ont enfermé J.A. dans sa routine professionnelle et Rose-Aimée dans sa servitude domestique. Dès lors la communication n’est plus possible.
Cela aurait pu continuer ainsi à l’aube d’une seizième année de coexistence conjugale, si Rose-Almée n’avait fait sa petite révolution : décider d’accompagner J.A. dans son déplacement annuel. Mais absolument pas dans le style d’une prise de conscience militante. Comme ça. Tout simplement. Sans éclat de voix. Avec une douce obstination.
Le miracle du film, c’est de montrer comment Rose-Almée retrouve une communication par le regard neuf qu’elle porte sur l’univers de son mari… La métamorphose de Rose-Almée qui réaffirme son identité personnelle se fait sans déclarations didactiques, sans mots d’auteur, sans dialogues qui enseignent. Tout est exprimé par des rires ou des sourires, des exclamations, des phrases de tous les jours, des regards. Mais la réussite du film doit beaucoup à la performance de Monique Mercure, judicieusement récompensée par le Jury du Festival de Cannes (Prix d’lnterprétatlon féminine).
Raymond LEFEVRE (La Revue du Cinéma, novembre 1977).
J.A. MARTIN, PHOTOGRAPHE
Distribution
Canada 1976 -1 h 41 - Réalisation Jean BEAUDIN
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