En 1902, dans la taïga de l’Oussouri, le capitaine Vladimir Arséniev effectue, à la tête de quelques hommes, une série de relevés topographiques. C’est ainsi qu’il fait la connaissance d’un chasseur golde, homme solitaire, Derzou Ouzala. Celui-ci sert de guide à la troupe pendant plusieurs mois, au cours desquels une grande amitié nait entre lui et le capitaine, à qui il sauve la vie maintes fois, notamment lorsque, partis tous deux en reconnaissance, ils s’égarent sous une violente tempête. L’expédition terminée, c’est la séparation douloureuse pour l’un et l’autre. Mais la vie de Derzou est dans la taïga. Cinq années plus tard, en 1907, selon les souhaits les plus vifs du capitaine, une nouvelle expédition leur permet de se retrouver. Derzou accompagne à nouveau son ami, lui faisant découvrir les lois, en même temps que le sens du respect, des éléments de cette nature hostile, et mettant en pratique une exemplaire solidarité. Utilisant pour la nuit une hutte abandonnée, Derzou prend soin, au petit matin, de la laisser habitable et d’y déposer diverses provisions qui pourront servir plus tard pour un autre chasseur. Au long de ce voyage, le vieux et sage petit homme s’affaiblit, perdant peu à peu sa qualité primordiale de chasseur, sa vue perçante. Ayant dû tirer sur un tigre qui les menaçait, il se dit être maudit par l’esprit sylve·stre adoré par les Goldes, qui leur interdit d’atteindre à la vie d’un fauve. Tant est si bien qu’il finit par accepter la proposition d’Arséniev de venir vivre chez lui à Khabarovsk, où par les récits épiques il fait le bonheur du jeune fils du capitaine, Vova, qu’il fascine par sa noblesse. Mais la ville n’est pas pour lui, il ne veut ni chasser ni dormir sous la tente, et se voit la cause de bien des troubles pour son hôte. Celui-ci le retrouvera au pied d’un arbre, mort comme il aurait dû l’être. Victime de voleurs, Derzou est enterré comme un simple vagabond.
« Songez à ceux qui viendront après vous ! ». Tel est le sous-titre du film. Telle est sa philosophie, celle dont est constituée toute la personnalité, toute la vie, du personnage central, Ce Derzou Ouzala étonnant de vérité et de grandeur, par son interprète Maxime Mounzouk. La situation géographique et géophysique, de l’action du récit, porte évidemment à interprèter ce « message » sur un plan écologique. Il est certain que, élaboré à contre-courant des modes cinématographiques actuelles, et coïncidant avec une période de préoccupations alarmées sur le devenir de la planète et de ses habitants, ce film ne peut qu’évoquer le problème par une illustration exemplaire et mobiliser les esprits sur ce point.
DERZOU OUZALA
Distribution
De Akira KUROSAWA (URSS 1975) Durée : 2 h 25 |