Une phrase-clé du film peut résumer la démarche de Peter Watkins depuis la bombe : « Est-ce un crime de prédire l’avenir ? ». En présentant un avenir possible de la Communauté européenne dans Force de frappe, Watkins met en lumière une question essentielle : le fascisme latent des systèmes démocratiques.
Watkins part purement et simplement des problèmes de conscience suscités par l’existence d’une force de frappe internationale. Mais le « problème de conscience» n’est pas reconnu politiquement ou syndicalement et provoque des réactions en chaine qui font éclater le système : violence du pouvoir non reconnue, violence terroriste gonflée, cartes truquées de part et d’autre avec l’aide efficace des media dont Watkins nous rappelle en quelques scènes rapides les limites.
Dès lors, Watkins a choisi de traiter son film comme une émission de télévision exemplaire, où chacun aurait droit à la parole et où les déclarations officielles trouveraient leurs contrepoids. Le cinéma se définissant trop souvent comme pure fiction, Watkins choisit cette force éclatée à laquelle les gens sont soumis quotidiennement. Elle lui permet de mener avec dextérité plusieurs actions parallèles et à faire ressortir avec force les données truquées du jeu des politiciens.