La fulgurance du texte de Koltès qui magnifie la notion de désir dans les rapports humains, se mêle avec force à l’univers urbain et bigarré du génie Enki Bilal.
Dans la solitude des champs de coton, le texte culte de Koltès, met en scène un dealer et un de ses clients dans un échange qui vire au combat, avec pour seules armes les mots. Charon, le dealer, sait à quel point son client dépendant a besoin de lui et de ce qu’il peut lui « offrir ». Le client sait aussi que sans toxicomanes, le dealer n’a plus de sources de revenus. La loi du commerce… La rencontre de l’offre et de la demande, du marchand et du client, du licite et de l’illicite, de la lumière et de l’obscurité, du noir et du blanc. Alors le dialogue va s’engager, parce qu’on se parle ou on se tue… Kristian Frédric s’empare de ce texte magistral et fait appel au talent d’Enki Bilal pour créer l’univers visuel de son adaptation. Si le texte de Koltès évoque le monde dans sa brutalité, dans son absence de désir, dans sa mécanique de la dissolution du rêve et de l’espoir, Kristian Frédric dépasse la noirceur de l’auteur ombrageux, imaginant sa mise en scène comme on écrit un opéra sonore. Pour créer une ode à la vie à travers le chaos !