NUIT DE L’INSOLITE

20h30 : ALICE DANS L’ESPAGNE DES MERVEILLES
De Jordi Fellu, 1978 – 1h26
Dans ce film, j’ai avant tout voulu exprimer ma conception de la répression culturelle exercée sous le fascisme, répression qui est passée d’un paternalisme asphyxiant à un véritab:e génocide. Afin de mettre en évidence l’absurdité de la logique du fascisme, j’ai utilisé la logique de l’absurde du conte de Lewis Carroll. En ce sens, j’ai eu recours à la poésie du surréalisme pour raconter un « conte pour adultes ». Ce conte reprend une série de moments décisifs de l’Espagne du général Franco, de 1936 à 1975. D’autre part, l’humour et la farce sont autant de véhicules qui permettent une grande facilité de synthèse, tout en évitant de tomber dans la haine idéologique. Pour la même raison, et quoique cela semble paradoxal, tout ce qui est dit par les voix off, ainsi qu’une grande partie des dialogues du film, correspond à des textes réels, lus et publiés — le plus sérieusement du monde — par diverses personnalités qui se sont succédées tout au long de l’époque franquiste.
Jordi Fellu

22h30 : LINUS
De Vilgot Sjoman (Suède)
Linus est un garçon de seize ans. Son père gagne mal sa vie en faisant des transports, à l’aide d’un camion dont chaque tour de roue à l’air d’être le dernier. Mais Linus adore ce père et le suit volontiers, découvrant avec lui, des lieux et des gens qu’il ignorait. Pourtant, la grande curiosité de sa vie, c’est un vieil immeu-ble de briques rouges du centre de Stockholm. Cette énorme bâtisse abrite des personnes bizarres : le portier est une brute, des femmes plutôt voyantes s’efforcent de passer inaperçues. Mais surtout, il y a celle qu’on appelle « l’am-bassadrice -, une vieille dame encore pleine d’allure, pro-priétaire de l’immeuble et dont la petite demoiselle de compagnie, Abigael, trouve bien de l’agrément au jeune Linus. C’est par Abigael que Linus va enfin pouvoir faire son en-trée dans le saint des saints, dans cet immeuble où chaque étage est comme un échelon social. L’ascension de Linus, pleine de péripéties exceptionnelles, va être spectaculaire et son aboutissement sera son installation chez l’ambassa-drice, sensible à l’attrait de cette chair fraiche, Linus pourra, enfin, en toute tranquillité, mettre sur le papier tous les vers qui se bousculaient dans son coeur et dans sa tête. Ainsi naissent les poètes… Cette éducation sociale, sentimentale et littéraire, Vilgot Sjoman nous en donne une description très attachante. Sjoman est déjà connu en France pour des films comme – 491 », le très beau cc MA SŒUR, MON AMOUR » et deux films qui firent scandale : « JE SUIS CURIEUSE » et « ELLE VEUT TOUT SAVOIR
Robert Chazal (France-Soir, 7 décembre 79)

0h30 : LA MALADIE DE HAMBOURG
De Peter Fleischman (RFA/France 1979) – 1 h. 57
À Hambourg puis dans le pays entier, une mystérieuse ma-ladie atteint la population. Les gens meurent, subitement, et se recroquevillent en position foetale. Les autorités réagis-sent brutalement : vaccination, désinfection des locaux, camps de quarantaine. Sébastien, un médecin gérontologue, une jeune fille, Ulrike, un vendeur de saucisses et son ami, un infirme hargneux, parviennent à quitter Hambourg et fuient. Certains d’entre eux rencontrent Alexander et continuent leur périp’e à bord de la caravanne que doit livrer Alexander. Barrages routiers, émeutes, amorce de lynchage, morts disloquent le groupe… Tous, d’une manière ou d’une autre, seront victimes de la maladie de Hambourg. En attendant la sortie de prison de son père, a C.B. » essaie d’étancher sa fureur de vivre et se heurte à l’ennui de la ville. Le soir, dans sa chambre tapissée de posters et d’insignes d’Elvis, défilent en flash-back les séquences de l’accident tandis qu’au dehors monte et s’évanouit la rumeur des camions.
Bernard Dauman