Chargé d’écrire un texte sur les U.S.A., un journaliste allemand ne trouve, face à la constante agression normalisante et individualisante des publicités et de la TV, qu’à répondre lui-même par des images : il photographie. Son approche est refusée par le magazine, il décide de retourner en Allemagne. À l’aéroport, bloquées par une grève, il rencontre une jeune femme et sa fillette : Alice (9 ans) qu’il aide à trouver un arrangement. Le lendemain, sur la demande de la jeune femme, il s’embarque seul avec Alice, la mère devant les rejoindre à Amsterdam. Mais au rendez-vous il n’y a personne. Après une attente de plusieurs jours, et se fiant aux vagues souvenirs d’Alice, ils partent à la recherche de la maison de la grand-mère. À Wuppertal, la ville dont le nom rappelle quelque chose à la fillette, ils ne trouvent rien. Le journaliste, dont les finances baissent sensiblement, confie Alice à la police : mais elle s’en échappe, rejoint son nouveau père d’adoption, et tous deux partent sur une nouvelle piste. Découvert en France avec son remarquable – Au fil du temps -, W. Wenders défriche ici les thèmes majeurs de cet autre film que la distribution nous vaut de voir en ordre inversé. L’errance et la solitude aliénante.
Cette quête des racines perdues, des origines — traduire : de l’identité. L’un, désemparé, solitaire ; l’autre, abandonné de sa mère s’inventent, qui une fille, qui un papa, selon des relations d’une rare subtilité auxquelles n’est pas étrangère l’étonnante justesse de ton de Y. Rottlander (Alice). Cette recherche insensée prend alors le tour d’une parabole sur ce manque sentimental d’essence profonde déraciné par la civilisation moderne.
J.-L. C. (La Saison Cinématographique 1977)
ALICE DANS LES VILLES
Distribution
De Wim WENDERS R.F.A., 1973 / Durée : 1h45 |