Impressionné par le témoignage d’une femme anonyme révélant les tortures dont elle a été victime devant une sorte de « Tribunal Russel », Luis décide de monter une oeuvre théâtrale qui en sera une adaptation. Son amie Emilia, épouse de Manuel, un dentiste, rejoint son école d’interprétation pour se sortir de la banalité de son existence. Ses dons se révèlent vite et Luis décide de lui confier le rôle de la femme anonyme. Leur amitié se transforme vite en amour. Emilia quitte Manuel qui, au cours d’une scène de jalousie, l’a battue. Elle s’instee avec Luis. Celui-ci reçoit des lettres de menaces lui ordonnant de renoncer à son projet. Il décide de persévérer. Le jour de la première des jeunes gens armés de mitraillettes sortent du public et massacrent tous ceux qui sont sur la scène, dont Emilia et Luis. « Les Yeux Bandés -, par son scénario même, apparaît d’abord comme un film sur la torture. Cependant, il serait sans doute abusif de le limiter à elle seule, même si elle est d:amatiquement au premier plan. Beaucoup p’us généra-lement, le film traite de la violence et de l’attitude de l’indi-vidu face à la violence. Violence de la torture donc, mais aussi vioence plus quotidienne du couple (Emilia et Manuel), de la famille (l’oncle charbonnier), de la menace (lettres anonymes). Tout cela, avec d’autres intervenants, tisse la toile de la contrainte sociale qui tente d’immobiliser l’indi-vidu. Apparaît alors le second problème : celui de la responsa-bilité individuelle ; Carlos Saura cite cette phrase de José Marti : « Assister à un crime en silence, c’est le commet-tre Le problème de Luis (et en filigrane, sans doute, celui de Saura au moins sous le franquisme) c’est de prendre parti, au milieu des contraintes. A un niveau moindre, c’est aussi celui d’Emilia quittant la quiétude conjugale pour s’assumer et s’exprimer.
F.C. (La Saison Cinématographique 78)
LES YEUX BANDÉS
Distribution
De Carlos SAURA, avec Géraldine CHAPLIN Espagne, 1978 / Durée : 1h45 |