18h : LE ROSE ET LE BLANC
De Robert PANSARD-BESSON / France, 1980 / 1h40
C’est l’inextricable aventure, digne du légendaire philosophe chinois, d’un enfant qui rêve qu’il est un écrivain s’identifiant à son héros de série noire en cavale. Ou si l’on préfère, d’un écrivain racontant l’histoire d’un truand de série noire qui fait rêver un enfant. Avant qu’on ne comprenne que toutes les combinaisons possibles sont interchangeables puisque les trois personnages n’en font qu’un, le film prend l’allure d’une abracadabrante enquête policière où le spectateur est invité a découvrir, en fait de coupable, l’instigateur de ces feuilletons entrecroisés.
20h45 : LE MILLIARRDAIRE
De Georges CUKOR / Avec Yves MONTAND et Marilyn MONROE / USA, 1960 / 1h52
Une réédition qui effacera le souvenir des tombereaux de littérature apitoyée que suscita le 20ème anniversaire de la mort de Marilyn MONROE. C’est dans cette comédie musicale au canevas conventionnel que MONROE donne le meilleur de sa personnalité d’écran. CUKOR l’a dit : elle jouait par tout petits morceaux contradictoires qui, mis bout à bout, composaient un personnage homogène dont les contrastes s’enchainaient hannonieusement. Jamais elle ne fut rnieux habillée (collants noir et pull irlandais). Jamais elle ne chantait ni ne dansa mieux My Heart Belongs to Daddy où la sophistication de Cole PORTER cède devant une perversité enfantine. Jamais elle ne fut photographiée avec tant de goût (le grand « color-coordinator » HOYNINGEN-RUENE veilla à des rapports de narrons et de bleus inhabituels dans le cinéma hollywoodien). L’intrigue, un quiproquo bêta, devient prétexte à des éclairs de tendresse irrésistibles du personnage de Marylin pour un MONTAND qu’avec perfidie CUKOR peaufine en parangon de maladresse. En outre, LE MILLIARRDAIRE vu aujourd’hui apparaît comme un concentré des lugubres sixties commençantes : avec Frankie VAUGHAN, crooner dépassé, CROSBY, Milton BERLE et Gene KELLY, pas encore remplacés mais déjà paléolithiques. Il était grand temps qu’arrive la révolution pop ! C’est aussi ça, en filigrane, que nous chante ce film dont la nostalgie n’affadit pas le mordant.
23h : LE MARQUIS S’AMUSE
De Mario Monicelli / Avec Alberto Sordi / Italie, 1982
Disons-le tout net : Monicelli et Sorti – puisqu’il semble juste de lui accorder la moitié des responsabilités dans le succès de l’entreprise – ont réussi sur toute la ligne. D’un bout à l’autre LE MARQUIS S’AMUSE est un régal de drôlerie, d’intelligence, d’excellentes idées.
Jacqueline Nacache, Cinéma 83